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87 % des fonds labellisés investissent dans les hydrocarbures

oilL’épargne responsable, dont tout le monde parle, peut réserver des surprises. Une étude d’Epsor révèle que 87 % des fonds labellisés investissent… dans les énergies fossiles !  

 

 

Epsor – entreprise à mission spécialisée en épargne salariale et retraite – renouvelle son étude annuelle sur les fonds d’investissement français : financement des solutions vertes, des énergies fossiles, des secteurs controversés ayant un impact négatif sur l’environnement, empreinte carbone… « Unique de par son ampleur, la granularité de ses données et la transparence apportée aux épargnants, souligne-t-on chez Epsor, l’étude passe au scanner 816 fonds, labellisés et non labellisés. »

Dans un environnement de marché très favorable aux entreprises du secteur de l’énergie 2022, les gérants de fonds ont cédé à la tentation d’investir dans les majors pétrolières. « Plus déroutant », cette dynamique, n’a pas épargné les fonds labellisés. Par rapport à 2021, la progression des fonds labellisés qui ont investi dans au moins une entreprise du secteur des énergies fossiles est de 7 points de pourcentage, à 87 % du total. En un an, l’exposition des fonds labellisés aux hydrocarbures est, en moyenne, passée de 4,7 % à 6,1 %, soit une hausse proche de 30 % !

La transition écologique n’est pas oubliée

Un fonds labellisé sur quatre a dans son Top 10 une ligne de TotalEnergies (+ 6 points en douze mois). TotalEnergies est la 2e entreprise la plus représentée dans les fonds non labellisés (vs la 3e en 2021) et la 4e dans les fonds labellisés (vs la 6e en 2021). 1,5 % de l’encours des fonds labellisés recensés dans l’étude d’Epsor est investi chez TotalEnergies, ce qui représente 1,6 Md€ (+ 80 % en un an). La multinationale française de l’énergie, qui était en 2021 la 16e firme la plus présente dans les fonds Article 9 de la SFDR, est toutefois descendue au 26e rang, du fait de la déclassification, fin 2022, de centaines de fonds vers la catégorisation Article 8. La refonte du Label ISR, elle, devrait avoir pour effet d’exclure les entreprises qui tirent plus de 5 % de leur chiffre d’affaires dans le charbon ou de leur production dans les énergies fossiles non conventionnelles, ou encore qui développent de nouveaux projets liés à ce type d’énergies.

L’étude montre aussi que les fonds labellisés ont davantage soutenu les entreprises de secteurs d’activité durable. « Les fonds labellisés, fait remarquer le professionnel, demeurent en moyenne plus alignés avec la transition écologique que les fonds sans label. » Heureusement ! La part de l’investissement dans des entreprises de secteurs « vertueux » (énergies renouvelables, transport « vert », efficience énergétique…) est passée en un an de 11,5 % à 14 % dans les portefeuilles. Parallèlement, la part de l’investissement dans les entreprises de secteurs « controversés » (OGM, pesticides, huile de palme…) se limite à 25 %, alors qu’elle est de 41 % dans les fonds non labellisés. Quant à elle, l’empreinte carbone est en moyenne 17 % plus faible dans les fonds labellisés…

Cette étude d’Epsor est en tout point remarquable. Alors que chaque société de gestion se plaît à déclarer qu’elle gère toujours « plus vert », l’extra-financier et le financier sont devenus indissociables dans l’analyse des caractéristiques des émetteurs. Force est de constater que la recherche de la performance n’a pas battu en retraite face aux impératifs de responsabilité et de durabilité. De quoi faire resurgir le vieux débat sur la (moindre) performance des fonds éthiques ! Laissons le dernier mot à Julien Niquet : « La non-exclusion sectorielle du Label ISR et le poids du contexte 2022 ont eu des effets délétères sur la composition des fonds labellisés. Bien que le label, dont la réforme devenait nécessaire, ne soit pas un label climatique mais un label généraliste, le comité se doit de prendre en compte l’urgence climatique. Relever le niveau d’exigence permettra d’aboutir à un univers de fonds labellisés plus transparent et sans ambiguïté pour les épargnants. »

ML