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[Tribune] La gestion passive nargue toujours la gestion active

Carlota Corral BD

En France, 91 % des fonds gérés activement sous-performent leur indice de référence sur un horizon d’un an. Le constat est encore moins susceptible d'appel sur le long terme, puisque 98 % des fonds actifs échouent à battre le marché sur 10 ans. 

 

 

 

 

La gestion indexée, aussi appelée gestion indicielle ou passive, s’impose comme la stratégie d’investissement la plus efficace pour les investisseurs cherchant à bâtir un portefeuille à la fois diversifié, robuste et performant sur le long terme. Loin des promesses de surperformance de la gestion active, elle propose une approche plus simple, plus transparente et à moindres frais. Autant d’atouts qui expliquent pourquoi cette stratégie d’investissement séduit de plus en plus les investisseurs français.

Deux philosophies d’investissement opposées

La gestion indexée et la gestion active reposent sur deux philosophies opposées. La première consiste à sélectionner des fonds indexés qui répliquent fidèlement la performance d’un indice boursier, comme MSCI World, le S&P 500 ou l’Euro Stoxx 50. L’objectif n’est pas de battre le marché, mais d’en capter la performance avec une grande régularité. A l’inverse, la gestion active repose sur une sélection discrétionnaire d’actifs par un gérant ou une équipe de gestion dans le but de battre la performance du marché. Cette méthode nécessite des recherches approfondies, des analyses financières, sectorielles ou géographiques ainsi que des arbitrages tactiques dans l’espoir d’anticiper les mouvements du marché.

La gestion indexée présente une série d’avantages indéniables pour l’investisseur

D’abord, elle garantit une performance proche de celle du marché, avec une prévisibilité accrue des résultats. Ensuite, grâce à des indices composés souvent de centaines ou de milliers d’actifs issus de différentes régions et secteurs, elle assure une diversification globale. Surtout, elle se distingue par des coûts nettement inférieurs à ceux de la gestion active. En éliminant les frais liés aux analyses et aux décisions actives, elle réduit les frais de gestion et minimise les coûts de transaction et opérationnels. Enfin, la gestion indexée séduit par sa transparence et sa simplicité, permettant à chaque investisseur de savoir clairement où et comment est investi son argent.

En France, 98 % des fonds actifs échouent à battre le marché sur 10 ans

Les données récentes le confirment : en France, la gestion active échoue massivement à tenir ses promesses. Selon le rapport Spiva (S&P Indices Versus Active) à fin 2024, 91 % des fonds actifs sous-performent leur indice de référence sur un horizon d’un an. Et la tendance s’aggrave sur la durée : 97 % échouent sur trois ans, 95 % sur cinq ans…, et 98 % sur dix ans. Autrement dit, seuls 2 % des fonds actifs réussissent à battre le marché sur une décennie. Ces chiffres rappellent une réalité parfois difficile à accepter : sur le long terme, la gestion active, en dépit de son agilité, ne parvient que très rarement à justifier ses frais et ses promesses de surperformance.

La gestion indexée n’est pas seulement une alternative plus simple à comprendre et moins coûteuse : c’est, pour la plupart des investisseurs, la meilleure approche pour faire fructifier son épargne à long terme. Ce qui explique l’essor récent des ETF, souvent associés à la gestion indexée. Contrairement à la gestion active, cette stratégie d’investissement n’implique pas de prise de risque supplémentaire dans l’espoir de surperformer le marché. Elle se concentre sur l’essentiel, en captant de manière automatisée et durablement la croissance des marchés financiers avec discipline et cohérence.