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Grand écart : Les jeunes veulent du durable et des cryptoactifs

jeune - jeune investisseur - arrogant - cryptoactifUne étude de l’OCDE réalisée à la demande de l’AMF dresse le portrait-robot des nouveaux investisseurs particuliers français, qui ont tendance à surestimer leur niveau de connaissances.

 

 

 

L’AMF cherche à cerner le profil des nouveaux investisseurs particuliers français. Pour ce faire, elle a sollicité l’appui de la Commission européenne qui a désigné l’OCDE pour lui venir en aide. Le premier volet de cette coopération, une étude de terrain réalisé par l’Institut Audirep en avril 2023*, a été publiée le 9 novembre.

Sur le quart des Français qui détiennent un placement en instruments financiers ou en cryptoactifs, l’étude cible les 50 % d’entre eux (12 % de la population adulte) qui ont commencé à investir depuis le début de la pandémie de Covid-19.

Changement de profil

Cette population est plus jeune que celle des investisseurs traditionnels - 56 % ont moins de 35 ans contre 21 % chez les autres - et plus féminisée (bien que restant masculine à 64 %). Plus populaire aussi, les employés, ouvriers et étudiants étant plus représentés.

Si les trois quarts de ces investisseurs détiennent plus d’un produit, la cryptomonnaie arrive en première position : 50 % d’entre eux en possèdent contre 25 % des investisseurs traditionnels. Paradoxalement, la volonté d’investir dans un placement durable « ressort nettement », indique l’AMF dans un communiqué : chez les 18-24 ans, c’est même la première motivation.

Sans oser de parallèle direct avec les cryptoactifs, l’étude souligne que 89 % des nouveaux investisseurs s’adonnent régulièrement ou occasionnellement à des jeux d’argent. Cette appétence pour les gains rapides va de pair avec un horizon d’investissement plus court, puisque les deux tiers d’entre eux se projettent à moins de 10 ans (presque deux fois plus que les investisseurs traditionnels).

Déficit de connaissances

Mais gare à ne pas confondre vitesse et précipitation, prévient le régulateur, qui pointe un « excès de confiance » à l’égard du niveau de connaissances en matière financière. Plus des deux tiers des nouveaux investisseurs - la proportion est encore plus élevée chez les jeunes – le considèrent « élevé ». « Interrogés sur des notions simples comme les effets de l’inflation, la diversification ou le rapport risque/rendement, plus de la moitié des plus jeunes n’ont répondu correctement qu’à deux questions sur six », relève pourtant l’AMF.

Ce manque de connaissances se ressent en matière d’investissement, puisque si les cryptoactifs sont le choix de placement n°1, 61 % des sondés expriment une préférence pour des produits au risque et au rendement modérés : « Leur perception du risque semble limitée », en déduit le superviseur.

Les sources d’informations sont pourtant multiples : documentation des produits, proches, presse spécialisée, influenceurs ou réseaux sociaux (première source des 18-24 ans). « Le type de sources consultées semble corrélé au niveau de connaissances financières », poursuit l’AMF.

Stratégie d’éducation financière

L’étude de l’OCDE s’insère dans un projet plus global pour améliorer la culture financière des nouveaux investisseurs. L’étape suivante consistera pour l’organisation à proposer une stratégie d’éducation financière afin de sensibiliser au risque ainsi qu’aux canaux d’information et d’investissement appropriés. La suite au premier semestre 2024.
* Etude réalisée sur un échantillon de 8 000 personnes dont plus d’un millier ayant acheté pour la première fois ces trois dernières années des produits d'investissement.