Gestion d’actifs

La récession aura-t-elle lieu ? La réponse de Columbia Threadneedle


reference3L’économiste en chef de Columbia Threadneedle Investments, Steven Bell, se demande si la récession tant redoutée se manifestera ou si elle n’a pas déjà été annulée.

Si une récession hivernale pour les Etats-Unis et l’Europe semblait probable, il semble maintenant que nous pourrions l’éviter ! C’est ce que développe Steven Bell, l’économiste en chef de Columbia Threadneedle Investments, dans son dernier commentaire hebdomadaire. « En Europe, fait-il observer, nous avons assisté à une baisse des prix du gaz naturel et les dépenses de consommation pourraient reprendre avec le retour de la confiance.»

Les prix de l’énergie pourraient commencer à diminuer au Royaume-Uni, mais la hausse des taux d’intérêt a freiné les dépenses de consommation, alors que celle des taux hypothécaires a frappé le marché du logement. Pour le professionnel, l’économie britannique semble plus « vulnérable » que l’Europe continentale, en 2023 et au-delà. « L’inflation salariale s’est accélérée outre-Manche et la Banque d’Angleterre, pronostique le stratégiste, devra continuer à relever ses taux. » en revanche, la baisse de l’inflation a augmenté les chances d’un atterrissage en douceur aux Etats-Unis. L’indice du coût de l’emploi sera une indication de la proportion dans laquelle les taux d’intérêt américains devront encore augmenter. S’il est trop haut, des pressions seront exercées sur la Réserve fédérale pour qu’elle augmente les taux davantage et pour une durée plus longue que ne le prévoient les investisseurs.

« Je pense que les Etats-Unis, confie Steven Bell, sont sur le point de connaître un affaiblissement significatif du marché du travail, avec un probable rapport négatif sur l’emploi dans les trois à six mois. » D’où des licenciements dans de grands groupes et des difficultés pour les petites entreprises.

Croissance molle en Europe

« Cela fait un certain temps, écrit l’économiste, que je suggère que le monde développé se dirige vers une récession. En Europe, la hausse vertigineuse des prix de l’énergie devait en être la cause. Aux Etats-Unis, l’argument était différent : une récession était nécessaire pour maîtriser l’inflation. Je m’attendais donc à une récession cet hiver, tant aux Etats-Unis qu’en Europe, mais il semble maintenant que nous ne l’aurons pas.

Aux Etats-Unis, les consommateurs ont puisé dans leur tirelire Covid pour soutenir leurs dépenses. En Europe, les efforts déployés pour contenir la demande de gaz en assurant des approvisionnements alternatifs se sont conjugués à une météo favorable et ont entraîné une forte baisse des prix du gaz naturel. Les prix sont revenus au niveau d’avant l’invasion russe en Ukraine. » A noter toutefois qu’ils sont encore deux fois plus élevés pour la livraison de l’hiver prochain…

De l’autre côté de l’Atlantique, après une série de rapports alarmistes sur l’inflation durant les deux tiers de l’année écoulée, les chiffres se sont améliorés. Cela étant, s’il ne fait pas de doute que le fléchissement de l’inflation augmentera les chances d’un atterrissage en douceur, la probabilité d’une récession reste tout de même encore assez forte. « L’étroitesse du marché du travail, fait observer Steven Bell, signifie que l’inflation des salaires est trop élevée, avec une accélération des augmentations des rémunérations pour les travailleurs qui ont changé d’emploi. La Réserve fédérale ne peut pas relâcher son emprise. »

En ce qui concerne l’Europe continentale, il y a maintenant une « réelle » perspective que 2023 soit une année de croissance « molle », mais sans récession. Contrairement aux Américains, les Européens, « trop effrayés » par la perspective de factures énergétiques élevées pour sortir et dépenser, n’ont pas puisé dans leurs tirelires Covid. Les revenus réels ont été comprimés en Europe, mais le chômage reste faible et, à l’approche du printemps, les dépenses de consommation devraient reprendre.

ML