Dans le cadre de notre hors-série « 50 fonds à détenir dans des marchés incertains », nous avons donné la parole à plusieurs professionnels qui présentent les caractéristiques d'un de leur fonds et sa pertinence dans un contexte économique et géopolitique troublé. Erwan Guilloux, gérant chez Ostrum AM, présente Ostrum SRI Crossover.
Publi-rédactionnel
Quel est l’objectif d’investissement du fonds Ostrum SRI Crossover ?
Dans le marché du crédit, c’est-à-dire celui des obligations émises par les entreprises, on distingue usuellement le marché du haut rendement, ou high yield, et le marché investment grade, avec un moindre rendement mais jugé moins risqué. Or, nous nous sommes aperçus que les titres qui évoluent à la confluence de ces deux marchés, c’est-à-dire le marché crossover, présentent des caractéristiques intéressantes. Ostrum SRI Crossover est donc un fonds obligataire ISR dédié à cet univers d’investissement et plus particulièrement les titres émis en euros.
En quoi ces titres sont-ils intéressants ?
Historiquement, il s’agit du meilleur des deux mondes : les titres notés BB+ sont les plus sûrs du compartiment à haut rendement, et les titres notés BBB- offrent les meilleurs rendements du compartiment investment grade. Nous confortons cet attrait en travaillant activement sur la duration des positions détenues dans le portefeuille. Ainsi, sur le compartiment high yield, nous retenons majoritairement des titres dont l’échéance n’excède pas trois ans. Cela nous permet de bénéficier de l’effet pull to par, c’est-à-dire l’effet de convergence des obligations courtes vers leur valeur de remboursement.
Pour les titres investment grade, nous nous octroyons la possibilité d’investir sur des échéances qui peuvent aller jusqu’à cinq ans, avec un taux de défaut beaucoup plus faible. A titre d’exemple, le taux de défaut d’un titre noté BB avec une maturité de deux ans est comparable à celui d’un titre noté BBB- avec une maturité de cinq ans, soit approximativement 2 %. Grâce à cette approche, nous visons à limiter la volatilité moyenne du portefeuille tout en évitant d’éventuelles pertes de valeur significatives.
Vous avez repris la gestion du fonds en mai 2023. Comment sont aujourd’hui structurées les équipes avec lesquelles vous travaillez ?
En gestion obligataire, la bonne sélection des émetteurs et des titres est cruciale ; c’est pourquoi le groupe a beaucoup investi dans les moyens qui sont mis à notre disposition. L’équipe de gestion crédit est aujourd’hui constituée de 12 gérants expérimentés, épaulés par une vingtaine d’analystes répartis en France, en Asie et aux États-Unis. Pour évaluer les émetteurs, nous disposons d’un outil propriétaire de rating qui intègre aussi les facteurs ESG.
Nous travaillons également avec les économistes et stratégistes du groupe, qui nous aident à mieux appréhender les cycles économiques. Toutes ces équipes sont particulièrement soudées : pour la plupart, nous travaillons sur le même plateau, ce qui facilite la communication entre les différents pôles d’expertise. Nos échanges quotidiens sont complétés par des comités hebdomadaires et mensuels qui nous permettent de formaliser les stratégies déployées.
Ostrum SRI Crossover a vu ses encours passer de 68 M€ à près de 200 M€ en six mois. Quels sont ses atouts dans le contexte actuel ?
Il en a plusieurs. Notre fonds tire parti de la dynamique de baisse des taux initiée par la BCE. Par ailleurs, les conditions de marché sont particulièrement favorables : on observe des niveaux de rendement voisins de 3 % sur le segment investment grade contre une moyenne de 1,6 % sur les dix dernières années. Sur le segment à haut rendement, on enregistre un rendement voisin de 5,6 % actuellement, contre une moyenne de 4,5 % sur la décennie passée. On peut ensuite noter que la stratégie ne subit pas la volatilité actuelle sur les taux longs du fait de sa faible duration. Enfin, les fonds comme Ostrum SRI Crossover sont aujourd’hui d’autant plus intéressants pour les investisseurs que, du fait de la baisse des taux, les produits monétaires ou indexés au marché monétaire ont un peu perdu de leur attrait.
Votre univers d’investissement se limite-t-il strictement aux obligations notées BB et BBB ?
Nous pouvons investir dans des obligations notées B à hauteur de 10 % du portefeuille, ce qui peut être utile dans un contexte de marché tendu. Actuellement, nous n’utilisons cette option que partiellement. Nous nous donnons également la possibilité d’investir dans des obligations émises dans d’autres devises que l’euro tout en couvrant systématiquement le risque de change. En effet, il arrive que certaines grosses entreprises émettent des titres en dollars qui offrent des rendements supérieurs à ceux libellés en euros. Si l’arbitrage est intéressant, une fois pris en compte les frais de couverture de change, nous intégrons le titre au portefeuille.
Ces positions restent néanmoins marginales. De la même manière, nous investissons dans des titres en euros émis par des groupes américains qui financent ainsi leurs activités en Europe. La diversité des expertises de nos équipes d’analystes est, dans ces cas de figure, pleinement mise à profit. On peut aussi mentionner qu’il nous arrive de préférer des titres subordonnés à d’autres dont la note est plus basse dans l’échelle de rating. Le segment de la dette hybride corporate offre par exemple un surplus de rendement par rapport à la dette senior. A titre d’exemple, le segment AT1, qui avait subi un fort écartement des spreads à la suite des déboires de Credit Suisse, s’est considérablement développé et offre aujourd’hui une très bonne liquidité.
Quelle est votre allocation d’actifs actuelle ?
Le portefeuille est équitablement réparti entre la dette investment grade et la dette high yield. D’un point de vue sectoriel, nous privilégions les secteurs défensifs car nous estimons que la prime de risque n’est actuellement pas suffisante sur les secteurs plus cycliques. Le secteur bancaire, dont le poids dans notre indicateur de référence1 avoisine 20 %, bénéficie actuellement de bons fondamentaux. C’est également le cas du secteur de la communication. Concernant notre exposition géographique, elle résulte essentiellement de la sélection des émetteurs.
Le fonds Ostrum SRI Crossover, article 8 selon la classification SFDR2, est labellisé ISR. Comment s’articule votre approche extra-financière ?
Elle repose sur trois piliers : la notation ESG des émetteurs, la mesure de leur intensité carbone et la recherche de l’existence, pour chacun d’eux, d’une politique anti-corruption formalisée. Pour chaque critère, le portefeuille doit afficher des performances ESG supérieures à celles de l’univers d’investissement, purgé des éléments les moins vertueux. S’ajoute à cela une politique d’exclusion sectorielle qui nous permet de viser une meilleure maitrise des risques, notamment ceux liés à l’environnement ou à d’éventuelles controverses par exemple.
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2. Le fonds classé article 8 SFDR promeut des critères environnementaux ou sociaux et de gouvernance (ESG), mais n’a pas pour objectif un investissement durable. Il peut investir partiellement dans des actifs ayant un objectif durable, par exemple tels que définis par la classification de l’UE.
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TB