Dans le cadre de notre hors-série « 50 fonds à détenir dans des marchés incertains », nous avons donné la parole à plusieurs professionnels qui présentent les caractéristiques d'un de leur fonds et sa pertinence dans un contexte économique et géopolitique troublé. Ismaël Lecanu, Gérant de la stratégie « crédit flexible » - DNCA Finance
Publi-rédactionnel
DNCA Finance est une maison surtout connue pour sa gestion de fonds d’actions et de produits flexibles. Que représente aujourd’hui la gestion obligataire « pure » au sein de la société ?
La gestion obligataire représente plus de la moitié des actifs de la société, grâce notamment au succès commercial du fonds de performance absolue obligataire DNCA Invest Alpha Bonds. Celui-ci est d’ailleurs devenu l’un des plus importants en Europe sur cette stratégie bien particulière. Depuis 2023, le savoir-faire de DNCA Finance s’est encore renforcé avec mon arrivée et celle de Jean-Marc Frelet, et la constitution de notre équipe avec Nolwenn Le Roux qui, elle-même était arrivée en 2020.
Cela fait maintenant bientôt deux ans que le fonds a été lancé. De quelle façon a-t-il été accueilli par les partenaires et les investisseurs ?
Mon collègue Jean-Marc Frelet et moi-même avions auparavant géré une stratégie similaire pour d’autres sociétés de gestion. Certains investisseurs nous connaissaient déjà et ont logiquement décidé de continuer à nous faire confiance. À ceux-ci sont venus s’ajouter d’autres investisseurs, familiers jusque-là de l’expertise en performance absolue obligataire. Entre son lancement et aujourd’hui, soit en l’espace d’à peine deux ans, l’actif de DNCA Invest Credit Conviction est passé de 60 M€ à 1,25 Md€.
Pouvez-vous nous rappeler quelle est la stratégie de votre fonds ?
Les obligations d’entreprise se trouvent au cœur de notre stratégie. Le fonds dispose d’un vaste univers d’investissement puisqu’il couvre l’ensemble des segments des marchés obligataires sans contrainte géographique, sectorielle ou d’émetteur. La stratégie est dite « crédit flexible », car elle peut agir au travers de deux moteurs. Tout d’abord, la duration (dans une fourchette de moins deux ans à plus sept ans) qui permet de respecter le principe selon lequel nous devons avoir une vision active sur le directionnel de taux. Ensuite, notre deuxième moteur réside dans la constitution d’un portefeuille d’obligations d’entreprises permettant de coller au mieux à notre scénario macro-économique d’évolution des sociétés. Nous sommes vraiment des gérants directionnels qui recherchent le momentum du marché
Vous utilisez des produits dérivés pour ajuster la duration de votre portefeuille ?
Tout à fait. À côté du portefeuille de titres vifs d’entreprises qui, par définition est plus stable dans le temps, nous mettons en place des stratégies de couverture ou de surexposition. Celles-ci sont rendues possibles par l’utilisation de produits liquides comme les futures de taux sur les marchés européens, américains et britanniques en priorité.
Vous couvrez donc votre portefeuille contre le risque de change ?
Oui, nous couvrons systématiquement les investissements réalisés dans des monnaies autres que l’euro. Mais cela ne nous empêche pas de prendre des paris directionnels de taux via des futures.
À quel type d’investisseur s’adresse cette stratégie ?
L’indicateur SRRI (Synthetic Risk and Reward Indicator) qui permet de mesurer le niveau de volatilité du fonds se situe à 2 (sur 7). De ce point de vue-là, notre fonds affiche un profil de risque modéré rentrant pleinement dans le cadre d’une stratégie patrimoniale. Lancée dans notre précédente maison voici dix ans, cette stratégie a permis de générer de la performance pour l’investisseur dans des situations de marchés aussi différentes que le « quantitative easing », la reflation, un choc sur les taux d’intérêt ou encore un rallye obligataire. Autrement dit, la volatilité générée par les mouvements de taux a permis des opportunités d’investissement que nous avons réussi à capter grâce à une stratégie obligataire flexible et diversifiée. Pour répondre à votre question, la stratégie de notre fonds est adaptée à un horizon d’investissement de moyen-long terme pour les investisseurs particuliers et institutionnels.
Quel est le profil actuel du portefeuille ?
Le profil de notre portefeuille est aujourd’hui plutôt défensif. Il reste ainsi majoritairement investi sur la catégorie des emprunts investment grade, tandis que le poids des obligations high yield atteint 18 % contre une moyenne de long terme de 30 % (et la possibilité d’en détenir jusqu’à 49 % dans notre allocation). Cette prudence se manifeste également au travers de deux choix de gestion. Le premier consiste à privilégier le portage dans notre stratégie en ciblant des emprunts de maturité de deux à six ans puisque c’est là où le portage ajusté de la volatilité est le plus intéressant. Notre second choix part du constat que si une certaine pentification est revenue, ce n’est que sur les marchés de taux sans risque. Voilà pourquoi nous achetons des futures sur la partie longue de la courbe des rendements d’état. Nous avons ainsi une stratégie directionnelle importante sur le Gilt britannique à dix ans.
Depuis la récente élection de Donald Trump à la présidence des États-Unis, sentez-vous davantage d’incertitudes sur le marché obligataire ?
La montée de l’incertitude est indéniable mais nous nous sommes montrés prudents bien avant l’annonce des tarifs douaniers américains. Et cela, surtout pour des questions de valorisation. Les primes de risque crédit ont atteint des niveaux très bas en janvier-février dernier. Malgré cela, nous avons commencé à désensibiliser le portefeuille au risque. Face au niveau de volatilité qui semble inhérent à cette nouvelle administration, certains investisseurs peuvent avoir l’impression qu’il existe bien peu de moyens de se protéger. Pour notre part, nous avons fait le pari du directionnel et du portage.
Comment se portent le marché des obligations d’entreprises ?
Le marché obligataire est particulièrement dynamique. Celui-ci vient d’ailleurs de connaître son mois de mai le plus important, en termes de nouvelles émissions, depuis 2010. Autrement dit, le marché est totalement ouvert et parfaitement utilisé par les sociétés. Ce dynamisme tient notamment au fait qu’il n’y a aujourd’hui aucun flux de sorties sur cette classe d’actifs.
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TB