Gestion d’actifs

Parole d'expert : « le marché a pris son parti de faire abstraction du bruit ambiant »

CORUM OLIVIER DE PARCEVAUX

Dans le cadre de notre hors-série « 50 fonds à détenir dans des marchés incertains », nous avons donné la parole à plusieurs professionnels qui présentent les caractéristiques d'un de leur fonds et sa pertinence dans un contexte économique et géopolitique troublé. Olivier de Parcevaux, spécialiste obligataire, groupe Corum, présente Corum BEHY. 

Quelles sont les principales expertises du groupe Corum ?
Le groupe Corum résulte du rapprochement, en 2017, de deux entités : la gestion obligataire de Butler Investment Managers et la gestion immobilière de Corum Asset Management. Structure indépendante, le groupe gère aujourd’hui presque 9 Md€ via des fonds en obligations et des fonds immobiliers pour près de 140 000 épargnants. Elle dispose aujourd’hui de sept bureaux dans le monde et compte près de 250 employés.

Quel est l’historique de la stratégie mise en œuvre dans le fonds Corum BEHY ?
L’activité obligataire du groupe Corum a été créée en 2008, mais ce n’est que l’année suivante que la gestion a vraiment démarré avec le déploiement d’une stratégie tout-terrain (dite « long short ») désormais appliquée sur notre fonds BCO. La stratégie dynamique (dite « long only »), qui correspond à celle que nous utilisons aujourd’hui sur CORUM BEHY, a, quant à elle, été initiée en 2013 avant de trouver sa forme actuelle en 2019. Depuis 2020, ces deux fonds sont accessibles à tous les épargnants dans l’assurance vie CORUM Life et le plan d’épargne retraite Corum PERLife.

Pouvez-vous nous en dire plus sur la stratégie de Corum BEHY ?
Investis sur le marché européen des obligations à haut rendement, nous nous appuyons sur notre savoir-faire historique pour mettre en œuvre une gestion dynamique et flexible. L’objectif de Corum BEHY est de délivrer une meilleure performance que son indice de référence (l’IBOXXMJA)1. Il correspond à l’indice de l’ETF qui cherche à répliquer le marché des obligations européennes à haut rendement. Il est donc « investissable », à la différence des autres indices qui sont purement théoriques.

Quel degré de liberté vous accordez-vous vis-à-vis de cet indice ?
La stratégie de Corum BEHY nous autorise à prendre une vraie distance avec cet indice de référence, ce qui nous permet de moduler très fortement la prise de risque du fonds selon les conditions et les perspectives économiques. Notre discipline, associée à cette possibilité de nous écarter de l’indice pour faire mieux, nous permet, dans les contextes positifs, d’accentuer la prise de risque, mais aussi de réduire la voilure pour minimiser les pertes en cas de besoin. Ainsi, pendant la crise du Covid, nous avons été en mesure de réaliser une performance de 5,1 %1 supérieure à celle du marché du haut rendement pendant la période de baisse la plus marquée (du 20/02/20 au 23/03/20), tandis que pendant la crise inflationniste de 2021/2022, notre écart durant la période la plus basse (du 16/09/21 au 13/10/22) s’est élevé à 2,7 %1.

Comment implémentez-vous cette stratégie ?
Nous commençons par éviter les pièges présents sur le marché en mettant à profit notre expérience. Cela nous permet de creuser régulièrement l’écart vis-à-vis de nos concurrents dans les phases de marché les plus difficiles. Il s’agit ensuite d’un processus de gestion éprouvé, principalement axé sur une approche « Bottom-up » (l’analyse de la qualité de chaque obligation), mais dans lequel l’approche « Top-down » (l’analyse macro-économique) a une certaine importance, puisqu’elle constitue également une source de surperformance. Dans Corum BEHY, ce processus est caractérisé par une gestion minutieuse du risque (avec une exposition au marché variable entre 60 et 140 %), de la « duration » (la sensibilité aux taux d’intérêt), et de la notation moyenne des obligations, ainsi que par une quête permanente de diversification sectorielle. Par ailleurs, nous sommes également très attentifs à la liquidité, d’où l’absence dans le fonds d’obligations non notées, potentiellement illiquides.

Comment votre équipe est-elle structurée ?
Nous sommes trois experts à travailler sur ce fonds : Laurent Kenigswald, Cyril Furtak et moi-même. Chacun de nous dispose, au minimum, d’une vingtaine d’années d’expérience, ce qui fait de nous des pionniers sur le marché des obligations européennes à haut rendement. Nous formons une équipe soudée depuis 2007 et partageons la même approche « value » dans notre sélection : nous privilégions les obligations que nous estimons sous-évaluées ou à fort potentiel.

Qu’en est-il de votre démarche ESG ?
Corum BEHY est un fonds article 8 selon la classification SFDR. Nous procédons donc en premier lieu à des exclusions normatives et sectorielles, en restant à l’écart des armes controversées, des entreprises qui ne respectent pas les principes du Pacte mondial des Nations Unies, du tabac ou encore d’autres secteurs controversés. Nous refusons également d’investir dans des obligations proposées par des entreprises qui ont un risque ESG dit « sévère », attribué par Sustainalytics. Si nous restons investis sur le secteur pétrolier, qui reste pour l’heure essentiel à la bonne tenue de nos économies, nous évitons néanmoins soigneusement les obligations proposées par les firmes présentes dans l’exploitation des sables bitumineux ou dans l’exploration pétrolière et gazière de l’Arctique. En plus de l’intégration ESG dans nos démarches, nous avons mis en place une politique d’engagement qui vise, en mettant l’accent sur les aspects de gouvernance et de transparence, à soutenir les changements positifs dans les entreprises sélectionnées par Corum BEHY.

Quel regard portez-vous sur le contexte actuel ?
Si l’incertitude reste élevée après la panique qui a suivi les annonces du « Liberation Day », le marché a pris son parti de faire abstraction du bruit ambiant même si un événement inattendu n’est jamais exclu. Actuellement, la moyenne des rendements est particulièrement attractive. Du fait de la quasi-absence de marché primaire (i.e. les nouvelles obligations) en 2022 et 2023, la duration est, quant à elle, ponctuellement réduite, ce qui est également favorable aux investisseurs. l

1. Données calculées pour CORUM BEHY (part CORUM Life : IE00BMCT1P08) et pour le marché du haut rendement européen (IBOXXMJA). Source : Bloomberg.

 

 

 

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