GESTION DE FORTUNE - Le Magazine de la Gestion Privée

Finance durable : les Français attendent des preuves

financedurableweb

L’AMF vient de publier les résultats de deux études sur la perception des produits financiers responsables et durables par les Français et leurs attentes. Si 76% se disent intéressées par la thématique de l’environnement, ils attendent plus de pédagogie sur le maniement de ces placements et des preuves tangibles de leur impact avant de se lancer.

L’appétit réel des particuliers pour les produits responsables et environnementaux n’est pas sans susciter certaines interrogations. Si la thématique est sur les lèvres de tous les professionnels financiers et de l’épargne qui multiplient les offres dans cette direction, il semble pourtant, de l’avis de plusieurs professionnels que la demande, en face, ne suive pas vraiment. En tout cas, les épargnants n’ont manifestement pas encore le reflexe de réclamer des produits ESG ou ISR. Ils se laissent en revanche convaincre lorsque leurs conseillers leur vantent les mérites d’un tel placement.

Pour en savoir plus sur la profondeur de la demande pour ces produits, L’AMF vient de publier les conclusions de deux études récentes sur la perception des produits financiers responsables et durables par les Français et les attentes des épargnants. Or, celles-ci montrent un intérêt de la part des particuliers mais un besoin parallèle de pédagogie et de transparence, étape apparemment indispensable pour renforcer la notoriété et la confiance dans ce type de placements.

La première étude, menée en juin 2021 par OpinionWay auprès d’un échantillon de 2.074 personnes représentatif de la population française, montre qu’une majorité de Français s’intéresse aux enjeux de développement durable, y compris dans ses choix d’épargne, mais qu’une minorité connait bien et possède effectivement ce type de placements. Plus précisément, 76 % des Français estiment que l’impact des placements sur la qualité de l’environnement est un sujet important ; 11 % seulement des répondants connaissent avec précision l’un des types de placements solidaires, durables, responsables, ISR ; 17 % déclarent détenir au moins un placement responsable ou durable, dans le cadre d’une assurance-vie, d’un PEA ou compte-titres, d’un plan d’épargne salariale ou retraite ; 72 % des détenteurs de ce type de placements s’en disent satisfaits, dont 19 % « très satisfaits».

Les labels publics ISR et Greenfin restent très peu connus du grand public et inspirent une confiance modérée. Les épargnants expriment un besoin d’accompagnement, en particulier de la part de leur conseiller bancaire ou financier. Parmi les principaux freins à la souscription, les Français citent en premier lieu leur manque de moyens, la crainte du greenwashing et le manque d’information.

Dans une seconde étude, qualitative, menée en juin 2021 par CSA Research, un panel de 15 épargnants non experts a été interrogé sur la lisibilité des documents commerciaux et précontractuels des placements durables et responsables. Il en ressort que les notions de placement durable ou responsable et d’ISR apparaissent floues et les concepts tels que les critères ESG ou extra-financiers opaques ; le vocabulaire employé dans les prospectus ou documents d’information clé pour l’investisseur (DICI) est jugé trop technique et décourageant ; les épargnants attendent des exemples concrets de projets et des preuves de l’impact de ces placements.

Ces résultats viennent confirmer le gap existant entre l’offre pléthorique de produits durables et labélisés et la demande des épargnants qui attendent d’en savoir plus sur leurs qualités intrinsèques et leur impact réel sur l’environnement ou la gouvernance des entreprises.

PBB