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Données extra-financières : L'AMF dresse un état des lieux

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L’Autorité des marchés financiers vient de réaliser une « cartographie » des acteurs, produits et services liés à la fourniture de données extra-financières. Un marché qui s’est profondément modifié au cours des dernières années, mais qui pâtit d’un manque de transparence.

Anne Demartini, de la Division études, stabilité financière et risques de l’Autorité des marchés financiers (AMF), a coordonné une « cartographie » des acteurs, produits et services concernés par la fourniture de données extra-financières. « Conjugué à l’accroissement des dispositions réglementaires en matière de reporting extra-financier et de transparence, le développement de la finance durable, explique-t-elle, a contribué au cours de la dernière décennie à une forte augmentation de la demande de données extra-financières. »

Dans son étude, l’AMF rend compte de ces évolutions et dresse une cartographie détaillée. « Le secteur a connu plusieurs mouvements de concentration au cours des vingt dernières années, fait observer Anne Demartini. Les acteurs historiques ont été rachetés par de grands acteurs financiers :producteurs d’indices des Bourses de valeurs, fournisseurs de données financières ou agences de notation de crédit. » Si près d’un tiers des sociétés analysées dans l’étude de l’AMF comptent moins de 20 analystes ESG, 20 % en emploient plus de 200 !

Absence de consensus

L’offre des fournisseurs de données ESG couvre une vaste gamme de produits et services adaptée aux besoins des clients (investisseurs institutionnels, gérants d’actifs, entreprises). Elle inclut, par exemple, l’analyse de portefeuille, la construction d’indices financiers, le suivi des controverses, les activités de conseil aux entreprises dans la définition de leurs stratégies ESG ou encore la gestion de fonds d’investissement, le conseil de vote et l’évaluation-certification de produits de financement (comme les obligations « vertes »).

Cela dit, la diversification de l’offre est susceptible d’engendrer des conflits d’intérêts. Le risque est d’autant plus élevé que les sociétés proposent des prestations rémunérées par les entreprises évaluées. « A cet égard, souligne Anne Demartini, l’adoption de codes de conduite apparaît comme
une bonne pratique. » Par ailleurs, il convient de noter que l’offre de données brutes, très hétérogène dans les méthodes de collecte, de fiabilisation et de traitement, est à l’origine de divergences dans les appréciations des performances extra-financières. La littérature académique montre qu’il n’y a pas de
consensus sur la définition de l’extra-financer ni sur la manière de mesurer un même concept et que, de surcroît, le résultat d’une évaluation dépend de la personne qui attribue les notes.

« A l’heure actuelle, admet Anne Demartini, le niveau de transparence est en règle générale trop faible pour permettre aux investisseurs de comprendre la signification des notations, leur portée et leurs limites. » Les sommes dépensées pour l’acquisition de données ESG, qui ont triplé en trois ans (pour atteindre 900 M$ fin 2019), pourraient, avec les services associés, franchir d’ici à cinq ans la barre des 4 Md$.

ML