GESTION DE FORTUNE - Le Magazine de la Gestion Privée

Combiner performance et impact

Véronique Chapplow, Investment Specialist impact actions chez M&G Investments présente le fonds M&G (Lux) Positive Impact Fund.

Quelle est l’origine du fonds M&G (Lux) Positive Impact Fund ?
Le fonds M&G (Lux) Positive Impact Fund est un fonds investi en actions internationales qui a été lancé il y a 2 ans. Il complète une gamme de fonds responsables jusqu’alors positionnés sur l’intégration et l’engagement ESG (Environnemental, Social, Gouvernance). Dès 2016, l’un de nos gérants, John William Olsen, a souhaité étudier la possibilité d’aller au-delà de ce qui se faisait alors en matière de finance responsable. Il s’est alors associé à Ben Constable-Maxwell, le responsable de l’investissement durable et d’impact du groupe afin de créer un nouveau véhicule d’investissement innovant et complémentaire à la gamme existante.

En quoi ce fonds est-il innovant ?
Le fonds vise à produire une combinaison de croissance du capital et de revenus afin de dégager un rendement supérieur à celui du marché boursier mondial sur toute période de cinq ans ; et à investir dans des sociétés ayant un impact positif sur la société en s’attaquant aux problèmes sociaux et/ou environnementaux majeurs du monde. Nous pensons que la combinaison des expertises de Ben Constable-Maxwell et de John William Olsen crée un parfait équilibre entre ces 2 objectifs. Par ailleurs, les produits d’investissement d’impact étaient jusqu’alors réservés aux investisseurs professionnels et institutionnels et étaient majoritairement investis sur des actifs non cotés ou sur de la dette d’entreprises. Avec ce fond, l’investissement d’impact s’ouvre à la classe d’actifs des actions cotées et est désormais disponible pour le plus grand nombre avec une liquidité quotidienne.

Quelle est la différence avec un fond ESG classique ?
Les fonds ESG ont recours à des critères extra-financiers qui sont appliqués à la performance opérationnelle interne de l’entreprise. Ils permettent d’éviter certains risques liés à son comportement et à son organisation. Les produits d’impact sont différents en ce sens qu’ils s’intéressent aux produits et services délivrés par l’entreprise et à la manière dont ils améliorent le monde dans lequel nous vivons. Ainsi, une entreprise qui obtient une bonne note ESG n’est pas nécessairement éligible un fonds d’investissement d’impact. A l’inverse, une entreprise éligible à un fonds d’impact devra également avoir un profil ESG irréprochable.

Comment appréhendez-vous l’impact d’une entreprise ?
Afin d’apprécier l’éligibilité d’un titre avant de l’intégrer dans le fonds, nous utilisons une méthodologie que nous avons intitulée triple « I » pour investissement, intention et impact. Pour chacun des piliers d’analyse, nous attribuons une note comprise entre 0 et 10, validée par l’ensemble du comité d’investissement du fonds. Pour qu’une valeur puisse intégrer le portefeuille, il lui faut obtenir une note supérieure à 5 pour chacun des piliers.

Que retrouve-t-on dans ces piliers ?
Dans le pilier investissement, nous sommes attentifs au business model, aux barrières à l’entrée, aux risques liés à l’activité, à la liquidité du titre et la bonne allocation du capital disponible. Concernant l’intention, nous vérifions que les objectifs stratégique et économique sont alignés avec les objectifs sociaux et environnementaux. Nous nous penchons également sur la culture d’entreprise et sur sa bonne gouvernance. Enfin, nous vérifions la bonne implémentation de l’ensemble sur la durée.

Et concernant plus spécifiquement le pilier impact ?
Nous nous appuyons sur les 17 objectifs de développement durable de l’ONU. Pour chaque entreprise, nous retenons un objectif primaire qui nous permet d’associer l’entreprise à l’un des 6 secteurs clés que nous avons identifiés : la lutte contre le réchauffement climatique, la préservation de l’environnement, l’économie circulaire, la santé et la préservation des vies humaines, le bien-être au travail et la formation et enfin l’inclusion sociale. Parallèlement à cet objectif primaire, nous étudions l’impact net de l’entreprise et, lorsque c’est possible, nous le mesurons. Nous nous penchons également sur ce que nous appelons l’additionalité de l’investissement, c’est-à-dire l’impact résultant de chaque euro, dollar ou livre sterling investi dans l’entreprise. Si cette mesure est simple pour le financement de projets spécifiques, elle est moins évidente pour les actions cotées. Nous nous interrogeons donc sur l’impact négatif qu’aurait l’absence de cette entreprise ou plus spécifiquement les conséquences d’une absence de financement. Nous nous intéressons aussi à la matérialité de ses produits et services.

De quoi s’agit-il ?
La matérialité d’un produit ou d’un service au regard des objectifs de développement durable est l’apport de celui-ci dans la résolution d’un problème donné. Enfin, nous nous penchons sur la mesure de l’impact, qui est au cœur de notre approche d’investissement et aussi un challenge au quotidien pour notre équipe. Pour chaque entreprise, nous retenons des indicateurs de performance qui sont en lien avec l’activité et avec le secteur clé dans lequel l’entreprise exerce son impact. Pour la lutte contre le réchauffement climatique, les tonnes de CO2 économisées grâce à une technologie spécifique est un bon indicateur. Pour la santé, le nombre de vie préservées s’impose naturellement. L’exercice est moins évident pour les acteurs que nous désignons comme facilitateurs.

Quels sont ces indicateurs ?
Nous avons identifié trois profils d’entreprises à impact : les pionniers, les facilitateurs et les leaders. Leur combinaison, dans le portefeuille ajoute un supplément de diversification. Les pionniers sont généralement des petites ou moyennes valeurs qui investissent abondamment dans la recherche et le développement et dont la dynamique de croissance s’accélère. Les leaders sont quant à eux traditionnellement de grandes entreprises au chiffre d’affaires récurrent qui restent promptes à innover, d’autant qu’ils ont été précédemment des pionniers. Quant aux facilitateurs ou enablers en anglais, estimer leur impact est moins évident dans la mesure où leur business model est différent : ils apportent les outils nécessaires pour que d’autres acteurs économiques aient un impact. Il peut s’agir de logiciels ou de technologies spécifiques. Nous citons souvent en exemple le groupe Schneider. Dans ce cas précis, le dialogue que nous entretenons en permanence avec les entreprises présentes dans le portefeuille nous aide à mieux évaluer l’impact de ces facilitateurs.

Quel est le profil du portefeuille ?
Il s’agit d’un fonds de conviction, dont la gestion est totalement déconnectée de son indice de référence. Le portefeuille est concentré autour d’une trentaine de valeurs choisies parmi une « watchlist » de 150 entreprises cotées, elle-même issue d’un univers d’investissement global de plus de 4 000 valeurs. L’active share du fonds, c’est-à-dire les valeurs présentes dans le portefeuille et absentes de l’indice, comptent pour 98 % des actifs du fonds.