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Obligations : Invesco sort sa troisième étude annuelle mondiale

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Dans la 3ème édition de son étude annuelle sur les obligations, Invesco fait le tour des marchés. Trois axes d’analyse se détachent : appétit pour la dette émergente, intégration des critères ESG et craintes pour la liquidité.

Invesco publie les résultats de sa troisième étude annuelle, issue de 159 entretiens avec des responsables de l’investissement et des détenteurs d’actifs obligataires à travers le monde, ce qui représente un montant cumulé d’encours de 20.000 Md$. Il en ressort, notamment, que les placements en dette des marchés émergents ont augmenté, que l’intégration des critères ESG continue à se développer et qu’une majorité de professionnels est préoccupée par la liquidité.

Libérer de la valeur cachée

« Les placements en dette des marchés émergents montent en flèche sous l’impulsion des investisseurs des régions Europe, Moyen-Orient, Afrique et Asie-Pacifique, relève Nick Tolchard, head of EMEA, Invesco Fixed Income. L’intégration des critères ESG se développe dans les régions EMEA (Europe, Middle East, Africa) et APAC (Asie-Pacifique). Une majorité de professionnels est préoccupée par la liquidité du marché obligataire, une tendance amorcée avant la crise du Covid-19. »

L’étude révèle que 72 % des investisseurs sont désormais « exposés » à la dette émergente (contre 49 % dans l’étude 2018 et avec une sélectivité accrue par pays, par exemple en Chine), que 54 % des responsables interrogés pensent que l’analyse ESG peut libérer de la valeur « cachée » dans l’obligataire, que 51 % des professionnels consultés ont exprimé des inquiétudes concernant la liquidité du marché obligataire (se demandant comment celui-ci se comporterait pendant des périodes encore « plus difficiles ») et 43 % des spécialistes ayant répondu à l’enquête estimaient que la fin du cycle haussier record adviendrait en 2020.

« Du fait des faibles rendements générés par leurs portefeuilles de base, indique Nick Tolchard, les investisseurs de la région EMEA se sont concentrés sur la dette émergente. 69 % de ceux qui y ont investi l’ont fait pour générer davantage de rendement, contre seulement 25 % des investisseurs nord-américains, qui sont enclins à considérer le placement en dette émergente comme un instrument de diversification. Les investisseurs, comme les assureurs (qui privilégient généralement les emprunts en devises fortes), ne voient plus la dette émergente comme une classe d’actifs monolithique. La réglementation Solvency 2 les incite à détenir des actifs plus liquides et moins risqués pour bénéficier de charges de capital moindres, bien que 37 % d’entre eux affirment rencontrer des difficultés à se conformer aux exigences réglementaires en fonds propres. »

Les investisseurs entre deux peurs

S’agissant des assureurs, les prêts bancaires et les prêts directs offrent une opportunité de générer des rendements additionnels à long terme grâce à une « prime d’illiquidité », tout en exerçant un contrôle et en restant dans les limites de la solvabilité. La dette immobilière s’est aussi avérée un moyen « intéressant » d’accroître les rendements sans prendre trop de risques supplémentaires, avec une « relative » facilité de recouvrement.

Sans surprise, l’ESG continue sur sa lancée : 80 % des investisseurs de la région EMEA et 69 % de ceux de la région APAC prennent en compte les facteurs ESG dans leurs portefeuilles obligataires, contre 51 % et 38 % en 2018. Les investisseurs nord-américains ont été les moins « enthousiastes » à l’égard des critères ESG, avec 56 % d’entre eux ayant déclaré les intégrer dans leurs portefeuilles. L’époque où les investisseurs considéraient l’adoption des principes ESG comme un obstacle à la performance est, malgré tout, bel et bien révolue. Quand 3 % des personnes ayant donné leur avis le croient encore, plus de la moitié (52 %) des investisseurs ayant participé à l’enquête estime que l’évaluation des risques ESG des émetteurs est un outil « important » pour améliorer les rendements, surtout que ceux qui ne tiennent pas compte des préoccupations environnementales et de gouvernance pourraient subir des coûts d’emprunt et de refinancement plus élevés. Les trois quarts des professionnels de l’investissement font référence à la responsabilité sociale comme le « principal moteur » de l’intégration des facteurs ESG dans leurs portefeuilles.

Quant à elle, l’incertitude sur la liquidité des emprunts traditionnels a entraîné un intérêt accru pour les stratégies susceptibles d’améliorer la liquidité et de réduire le risque, telles que la négociation de blocs entre clients via les ETF, la négociation de portefeuilles de crédit ou une plus large adoption de formules à échéance fixe. Enfin, le rapport d’Invesco montre que les investisseurs font toujours preuve d’une aversion grandissante pour le risque, partagés entre la peur de perdre et celle de louper des opportunités. Si nombre de responsables de l’investissement et de détenteurs d’actifs obligataires se prononcent en faveur d’un atterrissage « en douceur », 23 % identifient une bulle obligataire, alors que 29 % redoutent un effondrement des prix.

ML