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Pour Lyxor, les actions européennes sont préférables aux actions américaines

Selon Lyxor AM, les actions européennes pourraient connaître un répit en 2020, après une décennie de sous-performance vis-à-vis des actions américaines.

Selon Lyxor Asset Management, le déplacement du risque politique vers les Etats-Unis devrait, en 2020, profiter aux actions européennes. C’est l’une des principales convictions de la filiale de la Société Générale. « L’écart de valorisation entre les actions européennes et américaines, estime Jeanne Asseraf-Bitton, responsable mondiale de la recherche marchés chez Lyxor AM, pourrait se résorber en raison des policy mix respectifs, le spectre d’un Brexit dur s’éloignant et les élections américaines n’étant pas jouées d’avance. Les actions européennes pourraient, en outre, profiter de valorisations bon marché en termes relatifs. »

L’expansion des multiples explique la hausse

Jeanne Asseraf-Bitton considère que la contraction mondiale du secteur manufacturier a touché un point bas, ce qui réduit la probabilité d’une éventuelle contagion au secteur des services. Bonne nouvelle : les risques d’une récession américaine et mondiale au cours des 12 prochains mois se sont estompés, compte tenu de la posture accommodante que conservent les banques centrales et alors que le programme budgétaire en Chine doit encore produire ses effets.

Cela dit, l’incertitude politique devrait gagner les Etats-Unis à l’approche de l’élection présidentielle de novembre prochain, tandis que la procédure de destitution engagée à l’encontre de l’actuel président américain pourrait dans l’intervalle paralyser l’agenda législatif.

En Europe, une reprise cyclique « légère » devrait se manifester. L’Allemagne et l’Italie, deux économies « fragiles » de la zone euro, devraient voir leur croissance se raffermir. Outre-Atlantique, les fondamentaux de la consommation restent bien orientés. La croissance américaine pourrait l’an prochain s’établir entre 1,5 % et 2,5 %, alors que l’accélération des salaires semble avoir atteint un pic. Les entreprises du S&P 500 devraient enregistrer une progression de leurs ventes de 3 %. Si les marges tiennent, et avec l’aide d’une poursuite des rachats de leurs propres actions de la part des entreprises, le marché ne devrait pas réserver de mauvaises surprises.

En raison de la modeste augmentation des profits des sociétés américaines à attendre en 2020, sans doute appelée à être révisée en baisse à partir d’un consensus aujourd’hui à 9 %, l’essentiel de la hausse anticipée des actions s’expliquera à nouveau par l’expansion des multiples de capitalisation. S’agissant de la zone euro, il n’y a pas de « grande différence » sur les perspectives d’évolution des marges. Face à la faiblesse du potentiel d’augmentation des chiffres d’affaires, les opérations de croissance externe seront des facteurs d’animation des marchés.

La gestion de la performance découle de la gestion du risque

Lyxor AM continue de surpondérer le crédit (du fait de l’éloignement des perspectives d’une récession mondiale), en privilégiant le segment high yield (dette souveraine émergente et, vu le soutien des banques centrales et l’amélioration des bilans depuis la crise de 2008, obligations d’émetteurs financiers). Son opinion a été relevée sur les actions, le gestionnaire passant de « sous-pondérer » à « neutre » sur les actions américaines et européennes.

D’après lui, il est « trop tôt » pour renforcer l’exposition des portefeuilles aux actifs risqués, il est « opportun » de prendre des bénéfices accumulés à la faveur des performances réalisées durant l’année 2019 et la protection des portefeuilles demeure « cruciale » (au moyen d’un volant de cash, d’options, d’obligations souveraines et d’or). Au demeurant, la part mesurée des actions dans les allocations d’actifs des investisseurs institutionnels, rarement supérieure à 25 %, constitue un filet à la baisse des marchés.

« Après une année 2019 exceptionnelle pour toutes les catégories de placement, croissance économique sans surchauffe, absence d’inflation et, que ce soit en Europe, aux Etats-Unis et, même, dans les pays émergents, soutien des banques centrales, résume Florence Barjou, responsable de la gestion multi-asset chez Lyxor AM, offrent les conditions d’un rééquilibrage des profils risque/rendement des portefeuilles dans un contexte de hausse de la volatilité des taux d’intérêt et de corrélations moins diversifiantes entre les classes d’actifs. La gestion de la performance, conclut-elle, va découler de la gestion du risque. »

Au train où vont les choses, peut-être qu’il n’y aura plus jamais dans le monde de cycle, ni de ralentissement économique !

Michel Lemosof