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Education financière : l’AFG monte au créneau

« Des épargnants éclairés, acteurs de l’économie de demain », tel est le message que veut faire passer l’AFG. L'association a dévoilé un ambitieux Livre Blanc sur l'éducation financière. 

Le sujet pouvait paraître un peu trop rebattu, convenu. Pour autant, il n’a pas laissé indifférent : la conférence sur l'éducation financière organisée par l’Association française de la gestion financière (AFG) ce mercredi 18 septembre a fait salle comble : elle a réuni patrons de sociétés de gestion, autorités (Banque de France, Direction générale du Trésor, AMF…) mais aussi représentants d'associations professionnelles de conseillers en investissement financiers (Philippe Feuille, président de la Compagnie des CGP-CIF, Nicolas Ducros, délégué général de la CNCGP), etc. 

« L’éducation financière des investisseurs, qu’ils soient particuliers ou institutionnels, comme celle des intermédiaires, est un enjeu majeur pour le développement d’une épargne utile favorisant le bon financement de notre économie », a lancé d’emblée Eric Pinon, le président de l’AFG. Un enjeu lié évidemment à l’avènement du nouveau Plan d’épargne retraite (PER), qui se présente comme l’instauration en France des fonds de pension.

Une épargne abondante mais en friche

Inès de Dinechin, présidente de la mission Education financière, a ensuite présenté le Livre Blanc de l’AFG, en insistant sur une éducation qui n’est pas qu’une initiation mais aussi et surtout un accompagnement de l’épargnant. Elle a fait le constat bien connu d’une épargne aujourd’hui abondante mais en friche. Or, « notre modèle social est devenu incompatible avec les enjeux à venir (de retraite, de santé, de dépendance, ndlr). On est à un point de rupture qui implique un désengagement de l’Etat », a-t-elle lancé, le souci étant « le peu d’intérêt des Français pour la matière » (la finance). « L’objectif de ce Livre Blanc est de donner les clés de compréhension pour que l’épargnant devienne enfin un acteur actif. Ce qui requiert une information exacte, non trompeuse. Il faut, a-t-elle conclu, amener les professionnels à se mettre au niveau des épargnants ».

Les biais commportementaux des épargnants

Ce que Mark Béguery, directeur de l’éducation financière à la Banque de France, a insisté sur « la nécessité d’éviter les soupçons d’instrumentalisation ». Claire Castanet, directrice des relations avec les épargnants à l’AMF, est ensuite intervenue, avec brio, pour commenter, sur la base des quelque 11 000 appels sur la plateforme Epargne Info Service, « les biais comportementaux » des épargnants qui les conduisent à une « peur de la Bourse » et à un intérêt pour toutes sortes d’arnaques comme les diamants. « Ils veulent de l’argent qui rapporte mais ils font souvent des placements à rendement net négatif ou nul », a-t-elle déploré.

Les interventions de Henry Masdevall, président d’Actualis Associés, et de Thomas Valli, directeur des études économiques de l’AFG, ont suscité également beaucoup d’intérêt lors d'une table ronde. Un débat au cours duquel Eric Pinon a souligné « la volonté de l’AFG, en représentant l’ensemble des acteurs de la gestion, d’apporter sa contribution aux initiatives de Place en la matière ». « Les professionnels de la gestion d’actifs entendent participer pleinement à cette entreprise collective, facteur clé de la qualité du dialogue avec leurs clients et d’une constante adéquation des solutions d’épargne avec leurs besoins, à toutes les étapes de la vie des épargnants ». Avec son habituelle franchise, il a lancé : « attention à ne pas faire croire que nous agissons au détriment des épargnants ».

Ce « Livre blanc » de l’AFG recommande 14 suggestions. Outre ce qui ressemble à des vœux pieux (tel « renforcer l’éducation financière dans le parcours scolaire », « créer un dossier digital de l’épargnant », « accompagner les futurs retraités »…), des propositions nous ont paru tout à fait pertinentes :  

Jean-Denis Errard