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Fusions-acquisitions : l’Europe tire le marché (étude Willis Towers Watson)

Les acheteurs européens sont parvenus à créer de la valeur dans le cadre des fusions-acquisitions du 1er trimestre 2019, alors que le marché mondial des M&A a continué à décliner. 

Si le déclin du marché mondial des fusions-acquisitions se poursuit, avec un sixième trimestre de sous-performance consécutif, les acheteurs européens, eux, sont parvenus à créer de la valeur dans le cadre des mergers & acquisitions (M&A) réalisées au premier trimestre 2019. C’est le principal enseignement de l’étude Quarterly Deal Performance Monitor, que Willis Towers Watson vient de réaliser en partenariat avec la Cass Business School.

Cette étude, qui a examiné le nombre d’opérations d’un montant unitaire d’au moins 100 M$ réalisées entre le 1er janvier et le 26 mars, compare la performance du cours du titre de l’acquéreur à celle d’un indice boursier de référence. La performance des titres est mesurée en pourcentage de variation de leurs cours sur la période qui va de six mois avant la date d’annonce du rapprochement et la fin du trimestre sous revue.

« L’Europe tire vers le haut un marché mondial des M&A dans la tourmente, font observer les rédacteurs du Quarterly Deal Performance Monitor. C’est la seule région au monde à avoir enregistré des performances positives en matière de fusions-acquisitions au premier trimestre. Les acquéreurs européens ont surperformé leur index régional de 2,8 points de pourcentage. Avec une performance moyenne glissante sur trois ans supérieure à l’indice régional de 5,1 points de pourcentage (et des surperformances constantes sur les six derniers trimestres), les acquéreurs européens affichent les meilleurs résultats. Leurs homologues d’Amérique du Nord et de la région Asie-Pacifique ont sous-performé par rapport à leurs indices. »

Recul des M&A en Asie-Pacifique

180 opérations ont été réalisées au premier trimestre 2019, nombre le plus faible depuis cinq ans. Un recul dû pour l’essentiel à la baisse constante du nombre de fusions-acquisitions en Asie. Au Royaume-Uni, les performances des acquéreurs se sont inscrites dans la lignée des résultats positifs enregistrés en Europe : les cinq opérations finalisées d’une valeur de plus de 100 M$ dépassent en moyenne l’indice régional de 5,7 points de pourcentage. Cette surperformance britannique se constate depuis trois ans et un an, et ce en dépit du climat qui règne autour du Brexit.

« Malgré les incertitudes planant sur la région, l’Europe résiste à la tendance mondiale négative en matière de fusions-acquisitions, souligne Maud Mercier, directrice Global Services and Solutions chez Willis Towers Watson France. Il semblerait que la stabilité relative du contexte politique et économique porte ses fruits et permette aux entreprises locales de faire mieux que dans le reste du monde. Les acteurs européens et britanniques continuent de montrer la voie. Malgré cela, en raison de conditions rendues plus difficiles par le conflit commercial entre les Etats-Unis et la Chine, la perspective d’une hausse des taux d’intérêt et des conditions d’emprunt plus strictes, le marché mondial devrait encore ralentir, tandis que les acquéreurs du monde entier risquent de se montrer plus sélectifs que jamais. »

Le gonflement des trésoreries, les évolutions technologiques et le ralentissement de la croissance des marchés émergents devraient pousser les entreprises vers le marché des fusions-acquisitions. Parallèlement, la tension ressentie sur le marché l’année dernière est encore présente. En outre, de nombreuses cibles paraissent aujourd’hui plus chères que lors des précédents pics de M&A, comme en 1999 et en 2008. Il est donc désormais beaucoup plus difficile de mener de telles opérations avec succès.Michel Lemosof