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Crise sanitaire : les arnaques financières ont proliféré

arnaqueweb

Les arnaques financières se sont multipliées pendant le confinement et depuis, selon le Pôle commun ACPR-AMF. Les CGP-CIF sont aussi touchés avec le phénomène de l'usurpation d’identité qui se répand.

« Devenez l’as du trading en quelques jours » : ce genre de promesses a proliféré sur internet et les réseaux sociaux pendant le confinement, amplifiées par la chute des marchés boursiers de début mars. « Il s’agit d’arnaques qui proposent des ventes pyramidales sur des formations au trading », explique Claire Castanet en charge des relations avec les épargnants à l’AMF, lors d’une visioconférence de presse ce 12 juin 2020 du Pôle commun ACPR-AMF

La liste noire se rallonge

Pendant le confinement les arnaques et escroqueries financières en tout genre ont bondi. La plateforme ABE Info Service du pôle commun ACPR/AMF (sur laquelle on peut consulter le rapport annuel 2019) a reçu de nombreux appels en 4 mois. Nathalie Beaudemoulin, directrice du contrôle des pratiques commerciales à l’ACPR et coordinatrice du Pôle commun, explique : « Depuis le début de la crise sanitaire, nous avons rajouté sur la liste noire 220 noms d’acteurs non autorisés ».

Selon elle, les principales arnaques apparues pendant la crise sanitaire sont d’une part, les (faux) appels aux dons et (fausses) cagnottes (l’ACPR et la DCCRF ont publié un communiqué début mai à ce sujet) et, d’autre part, des escroqueries opportunistes, comme par exemple des offres frauduleuses de crédit : des acteurs non autorisés proposent d’obtenir des crédits instantanés. Le candidat au crédit ne reçoit bien sûr jamais les fonds, mais l’objectif est de collecter des données, comme des numéros de cartes bancaires ou des coordonnées personnelles qui seront utilisées pour démarcher ou revendues sur des listes de « victimes potentielles ».

Hameçonnage

« Il s’agit de la technique de l’hameçonnage : on surfe sur les tendances ou la notoriété des acteurs », poursuit Claire Castanet. Il y a eu par exemple des propositions sur des fonds pour investir dans la chloroquine. Autre exemple : surfer sur des valeurs refuge comme le whisky d’investissement. Là l’investisseur verse les fonds mais comme le whisky met encore plus de temps que le vin à vieillir, on met plus de temps de s’apercevoir de l’arnaque. Il n’y a « aucune réalité, ce sont des sites fictifs réalisés par des spécialistes de la manipulation et de l’emprise mentale », martèle Claire Castanet.

Gros dégâts pour l'arnaque au parking d'aéroport

Elle cite aussi l’exemple d’investissement frauduleux dans des places de parking d’aéroport, une arnaque qui a priori a fait beaucoup de dégâts depuis le début de l’année : les personnes ayant appelé la plateforme ABE IS pour signaler cette anarque ont perdu 58 000 € en moyenne. Et même des personnes averties, avec des sommes considérables (jusqu'à 100 000 €) s’y sont fait piéger : ces escrocs usurpent les identités de vrais conseillers en investissements financiers (CIF) en utilisant un site « cloné », le même numéro Orias et appellent même au téléphone leur victime en se faisant passer pour le CIF dont l’identité a été usurpée. L’AMF a indiqué travailler avec les associations de CIF pour combattre ce phénomène.

Des CIF, victimes d'usurpation d'identité

Le phénomène de l’usurpation d’identité est de plus en plus répandu et tout le monde est touché : les professionnels du patrimoine comme les CIF, mais aussi les médias, les institutions. « Investir dans un produit financier, c’est sérieux ! Il ne faut jamais faire confiance à un tiers inconnu qui vous a sollicité. La démarche doit toujours venir de vous ». Et il faut bien sûr systématiquement vérifier sur le site de l’Orias pour un intermédiaire et consulter les listes noires régulièrement mises à jour.

Un terreau pour les arnaqueurs

Si la « crise sanitaire a constitué un terreau pour les arnaqueurs », selon Benoit de Juvigny, secrétaire général de l’AMF, la crise économique dans les mois à venir et devrait amplifier le phénomène. En septembre 2019, lors d'une conférence de presse commune avec le procureur de la République de Paris, le montant de 1 Md€ perdu avait été évoqué. Selon la Banque de France, les Français devraient épargner 100 Md€ supplémentaire d’ici la fin de l’année, une manne qu'il serait préférable de voir investir pour relancer l’économie que finir dans la poche des escrocs.

Carole Molé-Genlis 

>> Consulter la liste des intermédiaires financiers autorisés de l'Orias 

>> Consulter la liste noire de l'AMF

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