Capital investissement

Mandarine Gestion arbitre le match coté vs non-coté

Dans sa Lettre de juin 2019, Mandarine Gestion se demande si les actions ont toujours la cote. Réponse du gestionnaire : marqué par un engouement pour le non-coté, le contexte actuel leur redonne, au contraire, de l’intérêt !

A l’heure des inquiétudes sur les perspectives de l’économie mondiale, les fonds de capital-investissement, de private equity, continuent d’afficher des collectes records. Selon le quotidien Les Echos, ils disposeraient de 2 000 Md$ à investir ! Dans le même temps, la collecte dans les fonds actions est nettement plus morose, quand il ne s’agit pas de longues périodes de décollecte. Dans un récent rapport de BlackRock portant sur les choix de 230 clients du gestionnaire, 51 % des investisseurs pensaient réduire leur allocation en actions, quand 47 % d’entre deux envisageaient d’augmenter la part du private equity.

« La quasi-symétrie de ces données est assez marquante, notent Sébastien Lagarde et Augustin Lecoq, en charge de la gestion des fonds Mandarine Europe Microcaps et Mandarine Global Microcaps. Et l’on peut s’interroger sur ses raisons et ses implications. Pour les investisseurs institutionnels, outre l’aspect de comptabilisation évitant (en apparence) la volatilité du marché, les performances sont souvent mises en avant. Néanmoins, leur calcul est remis en cause par certains acteurs, comme Warren Buffet, lequel a dernièrement souligné que des fonds utilisaient des méthodes pas toujours honnêtes. En France, l’AMF a également relevé que les procédures encadrant la valorisation des participations non cotées étaient insuffisamment précises concernant les critères de choix des méthodes de valorisation et leur mise en œuvre opérationnelle. »

Transparence du prix et liquidité quotidienne

De plus en plus de sociétés cotées souhaitant réaliser des acquisitions évoquent des écarts de valorisation croissants quand elles se retrouvent face à des fonds de capital-investissement (qui n’ont pourtant pas le même potentiel de synergies industrielles). Dans le journal L’Opinion, Stéphane Boujnah, le président du directoire d’Euronext, déclarait récemment que, depuis une dizaine d’années, il y a beaucoup d’argent disponible dans le monde privé. « Tout cela fait grimper les prix, remarquait-il, car le gisement des dossiers dans lesquels investir, certes, se développe, mais pas aussi rapidement. »

On peut alors se demander si l’ampleur du phénomène, finalement, ne milite pas en faveur des marchés actions. « Quand on observe les introductions en Bourse et le OPA, indiquent les spécialistes microcaps de Mandarine Gestion, les messages convergent vers une valorisation plus attractive. Les introductions en Bourse en provenance des fonds de capital-investissement se raréfient. En revanche, les exemples de rachats de sociétés cotées par ces derniers ont été nombreux en 2018, notamment dans l’univers des microcaps, comme Link Mobility (rachetée par Abry Partners avec une prime de 27,4 %) ou Karo Pharma (reprise par EQT avec une prime de 25,3 %). On oublie également le mérite des actions, non seulement sur la transparence du prix et des performances, mais aussi, et surtout, sur leur liquidité quotidienne. »

Quand il s’agit d’inquiétudes macroéconomiques, qu’elles soient ou non cotées en Bourse, les entreprises sont soumises à l’ambiance générale. Les gérants actions cotées, eux, peuvent adapter leurs portefeuilles aux conditions de marché, sans avoir la pression d’une dette qui accompagnerait leurs investissements.

Michel Lemosof

CMG